Le Je(u) et l'Enjeu

En début de thérapie, il est impossible de savoir quelle direction et quelle force va prendre le résultat du travail. A travers le jeu des situations et des propositions du thérapeute, les réactions du patient vont laisser émerger son "je".

Tout l'enjeu du travail thérapeutique est d'amener la personne à élargir ses possibles, ses réponses face à la vie, non pas dans le but d'une plus grande adaptabilité mais d'une plus grande congruence avec son être profond, ses valeurs, sa vision du monde.

L'enfant qui sommeille en chacun de nous est porteur de blessures, de frustrations et de besoins fondamentaux qui attendent le jour où pouvoir se faire entendre pour être réparés, comblés. En chacun de nous réside cet enfant et sa formidable pulsion de vie, sorte d'instinct animal à l'état brut qui l'invite naturellement à la joie.

"Le patient, dans ce cheminement, recontacte sa libido primaire qui peut alors se mouvoir d'une façon plus ample, libre et autonome. Cette circulation  possède une force de guérison que le thérapeute continue à soutenir si besoin.

La végétothérapie est une méthode sans attente ni programme établi, écoutant les signaux et les impulsions de l'organisme pour s'adapter à la direction indiquée par le corps. Dans les séances, le patient ressent très souvent des retrouvailles avec sa profondeur. Et fréquemment il découvre avec émotion des parties oubliées ou inconnues de lui-même. 

La végétothérapie consiste donc en un accueil sans jugement des manifestations involontaires de la personne et un accompagnement dans le suivi de son ressenti. C'est essentiellement un processus organique et énergétique très personnel, et c'est dans le degré de délicatesse et de justesse de la réponse du thérapeute que réside le pouvoir du travail.

Le patient est invité à explorer les symptômes et même à accentuer les sensations, plutôt qu'à les calmer. On ne cherche pas à diminuer la dynamique mais au contraire à en permettre l'expression pour la transformation.

La dépression, ou tout autre symptôme potentiel, peut surgir dans le présent :

-soit quand le corps sature dans sa compensation et qu'il n'a plus d'espace pour encaisser la névrose ;

-soit lorsqu'un événement dans la vie d'aujourd'hui fait résonner la souffrance originelle ;

-ou encore par un cycle temporel. par exemple, un trouble fort à 26 ans, puis à 52 ans, soit deux fois 26 ans, se manifester à nouveau.

C'est pour cela que quand ces symptômes surgissent, ils peuvent sembler venir de nulle part, envahissant soudain l'espace quotidien sans raison apparente. Ils ne sont plus compréhensibles, parce que les racines initiales sont oubliées. Modifier la posture peut faire émerger cette souffrance et la transformer.

La psychologie biodynamique pense que ces différents mouvements ou impulsions sont créés par des pressions de l'âme qui cherche à faire sa route, que ce soit pour compléter des boucles émotionnelles non terminées ou pour vivre une expérience nouvelle.

Cette attitude non-directive au service de la vie intérieure est un pont entre thérapie et expérience spirituelle. Il arrive fréquemment que la résolution d'un vieux cycle émotionnel amène au contact d'une expérience fondamentale telle que ressentir l'Amour, la Vie, l'Harmonie..., qui laisse la personne comblée et pleine de gratitude pour la merveille qu'elle a reçue."

(extrait de "La psychologie Biodynamique, une thérapie qui donne la parole au corps" de François Lewin avec Myriam Gablier. edition Le courrier du livre 2013)